
À la fin de cette année 2019, le conseil de la MEL adoptera un règlement de publicité qui va entrer en vigueur en 2020. Après avoir suivi depuis 5 ans l’établissement de ce règlement et avoir tenté d’y défendre l’intérêt général, nous donnons aujourd’hui notre avis sur le projet élaboré et soumis à enquête publique.
Un manque de clarté
Dès les premiers échanges, nous avons notamment mis l’accent sur l’importance de la simplicité du règlement, condition pour qu’il soit compréhensible par le plus grand nombre, applicable et efficace. Malheureusement, nous déplorons aujourd’hui un règlement qui comporte quantité d’exceptions, elles mêmes ayant souvent leurs dérogations. C’était évitable.
Ainsi, lors d’échanges avec un commissaire enquêteur, nous avons pu constater que lui non plus ne parvenait à interpréter le texte et à répondre à un certain nombre de questions d’importances. Pour prendre un exemple, il est fait mention de certains dispositifs, sans qu’il soit précisé leur caractère lumineux ou non. Pas non plus d’explication sur la manière de changer de zone pour un territoire à partir de 2020.
Un manque d’ambition écologique
Le RLPi a été présenté comme un outil pour la préservation du cadre de vie et de l’environnement. En ce sens, l’enjeu primordial selon nous est d’empêcher la prolifération d’écrans publicitaires vidéo. Éblouissants, animés, invasifs, ces dispositifs constituent une nuisance inacceptable que nous voulons épargner aux habitants et visiteurs de la métropole lilloise, notamment aux plus jeunes.
La réponse réglementaire à apporter doit être claire et sans faille : l’interdiction des écrans publicitaires numériques.
Malheureusement, la MEL n’a pas accepté cette mesure, se justifiant par la crainte d’une offensive judiciaire des afficheurs et de l’annulation du règlement. Cette issue regrettable met en évidence la soumission des institutions publiques et de l’intérêt général qu’elles sont censées défendre aux intérêts privés. Plus d’une fois, lors de réunions, nous avons pu voir la prépondérance des intérêts marchands sur les enjeux sociaux, sanitaires et environnementaux. Nous le déplorons. Autre exemple, l’extinction des enseignes lumineuses que nous avons voulue obligatoire dès la fermeture de l’établissement. Une réduction de 2h de la plage horaire d’allumage a été concédée. Insuffisant.
De manière plus générale, en dépit de bien des discours, on peine à croire en lisant ce règlement qu’une prise de conscience environnementale profonde a eu lieu à la MEL. Faut-il le rappeler, le contenu de la pub n’est pas neutre. Dans sa grande majorité, elle propage une idéologie consumériste (en recourant au passage souvent à des stéréotypes sexistes) et constitue par là-même une des principales causes du désastre environnemental.
Un manque de démocratie
Pour terminer, si nous reconnaissons l’esprit public dont ont fait preuve les personnels de la métropole, nous considérons insuffisante la communication et le débat public qui ont été faits sur le sujet. Car oui, si nous sommes clairement réfractaires à la pub et à la comm’, dévoiements d’outils d’information à des fins de manipulation, nous sommes tout à fait enclin à la publicité et la communication dans leur sens premier : la transmission d’informations, l’échange, l’expression, l’écoute. En particulier, nous avons bien vu que fort peu d’élus se sont intéressés à ce sujet qui impacte pourtant notre quotidien.
Pour revenir à la place des différents intérêts, ceux des afficheurs étaient fort représentés, participants aux réunions dans le cadre de leurs horaires de travail, tandis que les citoyens bénévoles devaient prendre des dispositions difficiles pour être présents.
Toujours dans une optique d’information, nous pensons que des études indépendantes évaluant les impacts sociaux et environnementaux de la pub manquent pour éclairer la prise de décision.